Guerlédan – ASSEC (2015)

Le lac de Guerledan

Le lac de Guerlédan est un lac artificiel français situé d’une part sur les communes de Saint-Aignan et Sainte-Brigitte dans le Morbihan et, d’autre part, celles de Mûr-de-Bretagne, Caurel et Saint-Gelven dans les Côtes-d’Armor. Il matérialise, en partie, la limite entre le Morbihan et les Côtes-d’Armor.

D’une superficie de 304 ha, long de 12 km et profond de 45 m au pied du barrage, le lac de Guerlédan est le plus grand lac artificiel de Bretagne.

Etymologie
Son nom vient du hameau de Guerlédan (du breton vannetais Gouer ledan, le « ruisselet large ») baptisé en référence à la rivière le Blavet qui s’élargit à cet endroit.

Histoire
Ce lac a été créé pour alimenter le barrage de Guerlédan. Le chantier dura sept ans de 1923 à 1930 et dut faire face à de nombreuses difficultés d’ordre géologique (creusement des fondations pour éliminer une poche d’argile en 1924), technique (barrage-poids de 208 mètres de long) et financier. Faute d’argent, le chantier fut même arrêté de l’automne 1925 au printemps 1927. L’usine électrique associée au barrage est d’une puissance de 15 MW, et est exploitée depuis 1946 par EDF.

Submergée en 1930
Pas de village enseveli. On imagine les eaux inonder ces 304 hectares. Recouvrir doucement ce qui vivait là. «Disons-le tout de suite, s’il y a bien une dizaine de maisons éparpillées, il n’y a pas de village enseveli.»

L’histoire de Guerlédan a commencé il y a plus de 400 000 millions d’années avec une surprise géologique. Sur la rive Nord, côté Côtes-d’Armor, les falaises s’érigent noires, en schiste ardoisier. Ici, dès le XIIe siècle, les moines cisterciens de l’abbaye de Bon-Repos commencèrent à exploiter l’ardoise, « l’or bleu de Guerlédan ». Une activité qui s’est poursuivie jusqu’au XIXe siècle. « On retrouve encore des puits, des trous béants pouvant atteindre 70 m de profondeur. »

La création du barrage a eu pour effet de noyer la vallée du Blavet sur plus de 8 kilomètres, entraînant l’immersion de neuf carrières d’ardoises (économie de la région depuis le xvie siècle), de maisons d’ardoisiers et de fermes.

Elle a également supprimé la continuité du trafic fluvial sur le canal de Nantes à Brest, en coupant ce dernier qui empruntait à cet endroit le cours canalisé du Blavet. Seize maisons éclusières et 17 écluses du canal de Nantes à Brest ont ainsi été englouties:

Ecluse Lieu Altitude Distance de Nantes
no 120 Moulin neuf 84,04 mètres 227,3 kilomètres
no 121 Castel-Finans 85,64 mètres 228,3 kilomètres
no 122 Caurel 88,74 mètres 229,5 kilomètres
no 123 Kergoff 90,64 mètres 230,9 kilomètres
no 124 Pouldu 92,68 mètres 232,0 kilomètres
no 125 Baraval 95,18 mètres 232,8 kilomètres
no 126 Kermadec 96,75 mètres 233,5 kilomètres
no 127 Trégnanton 99,75 mètres 234,0 kilomètres
no 128 Cosquer 102,25 mètres 234,2 kilomètres
no 129 Cuilleret 104,75 mètres 234,4 kilomètres
no 130 Zélo 106,75 mètres 234,7 kilomètres
no 131 Saint-Gelven 109,25 mètres 235,0 kilomètres
no 132 Malvran 111,58 mètres 235,2 kilomètres
no 133 Toul-er-Lann 113,62 mètres 235,4 kilomètres
no 134 Toulhouët 115,94 mètres 235,7 kilomètres
no 135 Granges 118,44 mètres 236,2 kilomètres
no 136 Longeau 120,94 mètres 236,7 kilomètres

Depuis 1957 (date du déclassement à la navigation de la section Pontivy – Châteaulin du canal de Nantes à Brest), le lac de Guerlédan est devenu essentiellement un lieu touristique de loisirs et de promenades ainsi qu’une réserve d’eau potable pour presque toute la moitié ouest du Morbihan.

En 1968, neuf communes s’associent pour créer le syndicat intercommunal pour l’aménagement de la rive sud du lac de Guerlédan. On peut y pratiquer diverses activités nautiques, se promener sur les rives du lac dont les 40 km du pourtour sont entièrement balisés, et profiter des points de vue panoramiques, notamment au rond-point du lac et à l’anse de Tregnanton, sur le côté sauvage du lac.

Assec du Lac

En 1927, l’État prescrit d’assécher les lacs tous les dix ans afin de vérifier l’état des barrages et effectuer des réparations. Celui de Guerlédan doit subir cette opération en 1941 mais il est alors contrôlé par les Allemands. La première vidange a lieu en 1951. Depuis, il fait régulièrement l’objet de vidanges partielles ou totales : l’assec de 1951 est répété en 1966, 1975, 1985 et 2015.

Dévoilant un paysage lunaire étonnant, ces vidanges permettent de redécouvrir les vestiges de l’ancienne vallée, des activités humaines autour de celle-ci (maisons, jardinets, vergers) ainsi que les vestiges de l’exploitation du charbon de bois, des ardoisières, des écluses et déversoirs. Les assecs provoquent chaque fois un regain de curiosité pour le site.

À l’occasion de la vidange de 1985, la foule s’était déplacée durant toute la période de vidage avec des embouteillages et de grands problèmes de stationnement.

Plus récemment, la technologie a permis d’espacer le rythme des vidanges. En 1995 et 2005, des robots ont été utilisés pour inspecter les parties immergées. En 2005, l’examen subaquatique par robot révèle que l’état du barrage nécessite des travaux de réfection du système d’étanchéité du parement amont et la rénovation des vannes de fond et des conduits.

À la suite du renouvellement de sa concession en 2008, EDF vide le lac au printemps 2015.

Assec de 2015

x, Georges Tilly, maire de Mûr-de-Bretagne et président de la communauté de communes Guerlédan Mûr-de-Bretagne, annonce officiellement une nouvelle vidange totale du lac de Guerlédan:

« Le 5 février, une réunion s’est tenue avec les sous-préfets de Guingamp et de Pontivy, ainsi qu’avec les responsables d’EDF qui a la gestion du barrage de Guerlédan et avec les différents services de l’État. Cette réunion faisait suite à la réglementation française imposant aux exploitants de barrages de plus de 10 mètres de haut de réaliser un examen technique complet tous les dix ans. Cette réglementation s’applique au barrage de Guerlédan, un des principaux barrages hydroélectriques de Bretagne, à cheval sur les Côtes d’Armor et le Morbihan. »

Différentes commissions sont mises en place pour identifier toutes les problématiques tant en qualité de l’eau, en eau potable, en gestion de la ressource piscicole, en flux de touristes et en impacts positifs ou négatifs sur les activités liées au tourisme.

Les principaux travaux réalisés lors de cet assec sont la réfection de l’étanchéité de la paroi amont du barrage, la rénovation des deux conduits de fond et de leurs vannes, et la construction de batardeaux permettant en principe à l’avenir d’éviter les vidanges totales.

Les travaux durent huit mois, dont six avec le lac à sec. À partir de , un turbinage abaisse progressivement le niveau de la retenue d’eau de 10 cm par heure en moyenne. Une fois le niveau des turbines atteint, la vidange est réalisée par vannes, avec l’ouverture des vannes de fond du barrage dont le débit de 35 m3/s fait baisser le niveau de 6 cm/h en moyenne. La période d’assec, au cours de laquelle l’inspection des parties habituellement immergées et les travaux sont réalisés, a lieu de mai à .

La remise en eau est entamée à partir du . Après remplissage de la retenue d’eau par le débit naturel du Blavet, la centrale hydroélectrique est remise en service début 2016.

La pêche de récupération permet de récolter des poissons (sandre, brochet, perche, brème, gardon) qui suivent trois destinations selon leur état : 200 kg de poissons morts mais en bon état sanitaire sont mis en vente sur les marchés de la région. Les plus abîmés (la majorité) sont transformés en farine animale destinée à l’alimentation des poissons. Les plus beaux spécimens sont répartis dans les sites de pêche des sociétés morbihannaises et costarmoricaines. Les recettes générées par cette vente sont destinées à financer le plan de rempoissonnement qui prévoit, après le ré-emplissage de la retenue, la réintroduction de 13 tonnes de poissons (contre 18).

Côté tourisme, une trentaine de guides conférenciers ont accueilli le public, avec deux à trois millions de touristes attendus. Le bilan touristique officiel de cet assec montre qu’il a attiré entre 1,5 et deux millions de personnes, dont 141 421 pour les visites guidées payantes.

PHOTOS ASSEC 2015 DU LAC DE GUERLEDAN